PHOTOPHYTOPOEM
Dialogue dendrologique
Dis, l’arbre, Vois-tu vieillir les contours de ton ombre ?
Saisons après saisons ta silhouette revisite les murs de la maison
Ta chevelure pousse roussit tombe pousse à nouveau Ton tronc toujours droit enraciné soutient fièrement une généalogie réussie
Les branchettes jouent avec le ciel !
Pourtant ce soir, je ressens ta fatigue
Cernes tissés au cœur de la moelle esquisse à ton visage écorcé mains noueuses calligraphient un mot lassitude
Une sève sans nectar lourde à remonter un début d’abandon un silence nouveau
tu te tournes désormais plus en dedans de toi que vers les oiseaux
C’est quoi le bilan d’une vie d’arbre ?
Tu as rêvé souvent compagnie à tes contemplations disciple à tes élévations
Tu es resté seul les yeux noirs entrouverts dans le blanc lichéneux de tes branches cassantes
Et si l’eau venait à manquer ?
Hydrater les cellules insatiables du xylème soutenir une photosynthèse en peine requiert tant d’énergie…
Ô souvenirs des étés verts ! des sources pleines des brassées de lignine des sols gorgés des torrents de pluies chaudes dévalant les racines
Ce soir, les branches que tu baisses ne se relèveront pas
Ton liber cristallise une première cendre
Alors que le couchant dore ton dos une dernière fois je m’élance et t’enlace !
Il est un espace que seules les ombres savent embrasser. Tu m’as appris à l’habiter
Mon arbre demain je serai partie
A fleur de tendre peau j’emporterai sur mes épaules les essences vivaces de tes printemps
et des calmes automnes Ta Force Tranquille
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