Ile Saint Paul, un morceau de lave perdu au milieu de la mer de Béring.
Nous sommes arrivés avant le lever du soleil. A l’horizon, quelques petites lumières en suspension dans l’immensité noire, et le bruit de la houle. Puis l’île de Saint Paul, la plus grande des îles Pribilof, est apparue, verte, sur son sable noir volcanique. Une île sauvage, isolée en pleine mer de Béring, aux plages exposées aux tempêtes, aux tsunamistectoniques et aux passages orques.
Sur ce caillou du bout du monde, la survie des environs 400 habitants aléoutes dépend de la pêche. Les plages et falaises abritent plus de 500 000 otaries à fourrure et de milliers d’oiseaux marins.
Nous avons de la chance : la houle bien que présente nous permet de débarquer. Poser les pieds sur cette petite terre est rare. Derrière le port, le joli village s’étend sur un pan de colline : une petite église orthodoxe, des maisons grandes et bien ancrées, une école, une mairie, une épicerie, un hôpital, un avion trois fois par semaine, un cargo ravitailleur une fois par mois, des jeunes otaries à craquer et chez les villageois, des visages inquiets :
Depuis deux ans, la pêche au King et Snow crabes a été interdite car les populations de ces espèces sont en très fort déclin. Toute l’économie dépend.
Des crabes qui disparaissent parce que l’océan se réchauffe et bouleverse le fragile écosystème dont ils dépendent.
Dans quelques semaines, le ministère définira le verdict pour 2023 : est-ce que la pêche reprendra ? Le silence du village ce matin contient un souffle en suspens.
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